Une petite histoire pleine de sens….qui met en mot ce qu’on ne sait pas tjs….et qui m’est arrivé personnellement.

« Aujourd’hui, je sors d’une séance de fasciathérapie…

En tant que fasciathérapeute j’ai l’habitude de vivre des séances de fasciathérapie… sauf que cette fois ci ce n’était pas comme d’habitude…pendant la première partie de la séance, la fasciathérapeute a commencé à prendre soin de mon thorax….mais les sensations n’étaient pas comme d’habitude…Je savais où elle posait ses mains, je pouvais dire ce qu’il se passait d’une manière fonctionnelle….mais j’avais le sentiment qu’elle touchait un corps….un corps inhabité…ou plutôt comme si je n’étais pas dans ce corps…elle avait beau poser ses mains dessus, j’avais le sentiment d’être loin…très loin de ce corps…. J’avais déjà vécu ça…et ça peut être un peu frustrant d’être touché sans pour autant pouvoir se laissé touché (dans le sens émouvoir) par le toucher… mais cette fois ci ça ne me faisait ni chaud ni froid…. J’ai pris conscience à ce moment là que mon corps était bien dissocié…qu’il avait mis ses barrières pour ne plus se ressentir….Qu’il y avait une voie qui avait été barrée pour ne plus laissé la place au ressenti ou en tout cas à la partie sensible de moi qui s’éprouve.

Bien sure je savais pourquoi…J’ai vécu un deuil difficile avec la fin de vie de mon chat qui m’avait accompagné pendant + de 16 ans de vie. En tant qu’hypersensible et HPE, j’ai eu des relations très fortes avec mes compagnons à poils. avec qui j’ai vécu bcp d’amour et de partage, de soutient aussi. Ce qui fait que l’accompagnement de sa fin de vie jusqu’à son dernier souffle a été très éprouvant et les émotions qui ont suivi ont été très intenses aussi…Et probablement que cette intensité avait remis en place des stratégie de défense de mon corps pour éviter de ressentir….Cela pourrait paraitre bizarre pour certains mais de nombreuses personnes peuvent se lier de grande affection pour leurs animaux….et parfois, quand les humains ne sont pas là dans l’enfance, les animaux sont une ressource vitale, et peuvent même devenir une forme de figure d’attachement. On en reparlera dans un autre poste avec notamment les personnes qui ont vécu pendant leur enfance des trauma de négligence suite à une insuffisance de soutient émotionnelle des parents ou des figures d’attachement, qui fait que les liens avec les animaux présents peuvent s’intensifier.

Pour en revenir à la séance, je savais donc bien ce qui s’est passé pour moi pour en arriver à ne plus me ressentir vraiment….la thérapeute est passé à différents endroit sans que je n’éprouve grand chose…puis à un moment elle a porté ses mains sur mon ventre et là je me suis senti un peu + concerné, je sentais qu’il se passait comme le début de qlqch. Je pouvais dire que ça me faisait du bien et que mon ventre en avait besoin, mais sans vraiment l’habiter pour autant.

Puis elle est allé au niveau du crane…et là…. là….. il a commencé à se passer qlqch….car cette endroit je ne l’avais pas déserté, cette endroit il m’appartenait encore….et j’étais bien présent dans ce lieu qu’est mon crane…certes je pouvais sentir les tensions et la dureté de mon crane au moment où elle a posé ses mains… mais oui je sentais que ces tensions étaient à moi, et oui je sentais que la globalité de ses mains faisait comme un berceau à ma tête qui pouvait enfin se déposer dedans….et là j’ai senti que j’étais touché par le toucher….que j’étais vivant à cet endroit…je ressentais et j’étais touché de me ressentir…il y avait une partie de moi encore bien vivante, qui n’avait pas capitulé, qui s’était accroché…

Progressivement j’ai senti mon crane se détendre, et mes idées aussi….je pouvais être présent à moi alors que le reste de la séance j’avais les pensées qui pouvaient vagabonder facilement…et au fur et à mesure que le crane se posait, je sentais le haut de mon corps se poser, je sentais que mon ventre se remettait à bouger, et gargouiller, notamment lorsqu’elle a pu faire un point d’appuis sur la base du crane, au niveau des passages du nerf vague (le fameux !) qui est important pour le système nerveux autonome et le système digestif….Bref je ressentais que la vie revenait en moi et je me ressentais de nouveau vivant dans mon corps… Par contre en même temps de ces sensations agréable venait une grande sensation de fatigue….de plus en plus grande….Et c’est la que j’ai réalisé qu’en fait j’étais épuisé…L’accompagnement de mon chat pendant ses derniers jours de vie et jusqu’à son départ m’avait bcp impacté, la qualité de mon sommeil était probablement moins bonne…et mes idées plus agités…Mais ressentir cette fatigue était salvateur! oui salvateur car je la ressentais !! je l’éprouvais ! et elle avait du sens ! oui j’étais épuisé de cette période éprouvante ! mais oui j’étais bien vivant et oui j’étais de nouveau habitant de mon corps ou en tout cas d’une plus grande partie de mon corps ….

Ainsi la présence de la fasciathérapeute qui m’a suivi à cette séance et son toucher ajusté et rassurant m’ont permis de me déposer, de me détendre, et ainsi de pouvoir venir réhabiter ce corps qui avait souffert … et qui avait trouvé comme stratégie de se rigidifier pour ne plus se ressentir…car oui qd on vie un choc qui dépasse nos capacité de résilience… les fascias du corps vont se crisper afin de pouvoir comme mettre de coté cette partie du corps qui va devenir moins mobile, et donc moins sensible puis moins consciente….et en remettant de la détente, du mouvement, alors on retrouve de la mobilité, de la sensibilité et de la conscience….

Merci donc à cette présence soutenante qui m’a permis à ce moment là de pouvoir me reconnecter à mon corps et me ressentir vivant….même si les ressentis en fin de séance ont été de la fatigue, mais c’était une bonne fatigue, une fatigue détendue qui est différente des fatigues tendus où on n’arrive pas à dormir…là avec ce type de fatigue on s’endort sans problème avec souvent un sommeil plus réparateur car le corps détendu va indiqué au cerveau qu’il n’y a pas de danger et qu’on peut se déposer et se reposer…

La surprise aussi dans tout ça c’est qu’avant la séance je n’avais pas vraiment senti que j’étais à ce point déconnecté de moi, à ce point dissocié….c’est ce qu’on appel l’apprentissage par contraste…au moment où on se reconnecte à soi, c’est là qu’on prends alors conscience qu’on ne l’était plus….Ou parfois c’est quand un endroit du corps se détend qu’on prends conscience qu’il était en tension.

Je voulais aussi rappeler que dans notre monde moderne il est de plus en plus courant de proposer des stratégie pour s’autoréguler…nous sommes dans une société où on prône le fait de se débrouiller tout seul, alors que comme on a pu le voir dans mon expérience ici, on voit bien que si je n’avais pas eu la présence de cette personne pr me déposer, je risquai de passer plusieurs jours encore déconnecté de moi meme sans m’en apercevoir pleinement…

Merci donc à la corégulation qui est la capacité de se faire réguler par une autre personne qui elle est régulée….et merci à cette partie de moi qui a appris d’année en année à accepter de demander de l’aide aux autres en montrant peu à peu sa vulnérabilité…

Cette expérience peut paraitre anodine mais elle montre bien ces phénomènes de déconnexion et dissociation….qui ici ont pu se reconnecter et réassocier en une séance…Par contre, parfois, pour aller reconnecter des endroits du corps qui ont souffert ou qui ont vécu des traumas depuis longtemps, alors ça peut demander du temps pour trouver la profondeur et l’alliance thérapeutique nécessaire pour remettre en mouvement et en conscience ces zones…. »

En espérant que ce petit témoignage puisse vous apporter un apprentissage de vie…

Chaleureusement,

Thibaut